Freud considérait que le complexe d'OEdipe est au coeur de la clinique des névroses. Mais qu'en est-il aujourd'hui ? Est-ce un concept encore scandaleux ou bien est-ce une référence banalisée dans notre culture ? La clinique contemporaine aurait-elle dévalué son rôle dans les développements théoriques actuels ? Cette monographie se propose de réinterroger l'universalité et l'actualité du complexe d'OEdipe, à travers ses déclinaisons dans le fonctionnement psychique dans la clinique contemporaine et dans la culture.
La dépression, maladie énigmatique dont la source reste indéchiffrable, serait-elle l'expression somatopsychique de l'interrogation métaphysique propre à l'être humain ? Maladie des humeurs pour les Anciens, l'acédie, maladie de l'âme, se jumelle à la culpabilité dont elle reste indissociable.Crainte et expérience de la perte d'objet, d'un désinvestissement intolérable ou d'un traumatisme débordant la capacité d'élaboration du psychisme, la libido déserte le sujet, noyé dans la dissolution de son être qui souffre, anéanti, de ne plus désirer. Perdu dans le bouleversement existentiel des deux topiques, le moi subit la tyrannie implacable de son surmoi. Cette manifestation lancinante du surmoi culpabilisant dévorant le moi ne serait-elle pas un retour en force d'un ça vengeur, caché sous le masque honorable du surmoi ? Ce qui pourrait expliquer la créativité comme l'agressivité nécessaire à la création, créativité souvent associée à la dépression, et qui constituerait même, comme le montre Winnicott, un élément indispensable à toute mise en oeuvre. La mélancolie, pour les Anciens, n'était-elle pas source de génie et de folie ?