Les mots du pouvoir pour présenter les réformes en cours conjuguent langue de bois et complexité bureaucratique. La « novlangue » qui envahit et formate le champ éducatif doit pouvoir être clairement traduite et mise en relation avec une présentation des véritables enjeux. Sur un mode humoristique, ce lexique des maux et mots de la réforme de l'école veut répondre aux attentes d'enseignants, de parents, d'étudiants et d'élèves mais aussi de citoyens perplexes et soucieux de mieux comprendre.
Comment éduquer aujourd'hui ? Pour contribuer à quel monde ? Il est plus que temps de concevoir l'éducation démocratique dont nous avons besoin pour envisager un avenir désirable et une Terre habitable !
Pour préparer l'école démocratique de demain, cet ouvrage dégage cinq principes, tous liés entre eux et qui se déploient sous forme de propositions concrètes :
liberté de penser (création d'une institution de type fédératif, intégrant tous les enseignants et visant à protéger les libertés académiques des pressions de la part des pouvoirs organisés) ;
égalité concrète dans l'accès à la culture et à la connaissance (lutte contre les inégalités sociales et territoriales) ;
définition d'une culture commune (à l'heure de l'urgence écologique, du féminisme et de la reconnaissance de la pluralité des cultures) ;
pédagogie de la coopération (mise en oeuvre du meilleur des pédagogies émancipatrices, celles de Dewey, Freinet, Oury ou Freire) ;
autogouvernement des écoles et des universités (en tant que communs éducatifs permettant l'expérience réelle de la démocratie).
Ce livre offre un projet systémique qui considère les institutions d'éducation comme un tout, depuis l'école élémentaire jusqu'à l'enseignement supérieur, et ne sépare pas la transformation de l'éducation de celle de l'ensemble de la société. Son ambition est de dessiner les traits fondamentaux d'une éducation démocratique encore à venir, et de l'inscrire pleinement dans une société solidaire, écologique et égalitaire.
Ce livre montre de manière incisive que, depuis la fin des années 1970, la mise en place progressive d'une " économie de la connaissance " vise précisément à faire l'économie de la connaissance, c'est-à-dire à se passer de la connaissance lorsqu'elle n'a pas de valeur marchande à court terme.
Ce qui ressemble aujourd'hui à un sabotage de l'école - suppressions de classes, réduction des effectifs enseignants et appauvrissement de la condition enseignante - ne suffit pas à caractériser la mutation historique de l'école. Celle-ci ne joue plus seulement une fonction dans le capitalisme, comme l'ont montré les analyses critiques des années 1970 : elle se plie de l'intérieur à la norme sociale du capitalisme. L'" employabilité " est le principe et l'objectif de la normalisation de l'école, de son organisation et de sa pédagogie. L'école devient peu à peu un système hiérarchisé d'entreprises productrices de " capital humain " au service de l'" économie de la connaissance ". Elle cherche moins à transmettre une culture et des savoirs qui valent pour eux-mêmes qu'elle ne tente de fabriquer des individus aptes à s'incorporer dans la machine économique. Les effets inégalitaires de la concurrence, la mutilation culturelle introduite par la logique des " compétences " ou la prolétarisation croissante du monde enseignant révèlent la perte d'autonomie de l'école par rapport au nouveau capitalisme et aux luttes des classes sociales autour de l'enjeu scolaire. Dans ce livre de combat et de théorie, les auteurs renouvellent la sociologie critique de l'éducation en inscrivant les mutations de l'institution scolaire et universitaire dans celles du capitalisme contemporain. Ils entendent ainsi donner à tous ceux qui se sentent concernés par cette problématique éminemment politique les outils d'analyse pour construire une alternative convaincante et résolue.