« Joie, tous les humains deviennent frères lorsque se déploie ton aile douce. »Quatre ans avant 1789, quatre ans avant la prise de la Bastille et la Déclaration des Droits de l'Homme, Schiller écrit ce poème qui ne cessera d'accompagner Beethoven.Un Beethoven toute sa vie passionné de fraternité alors que tout se ligue contre lui, sa famille, sa santé, ses amours, ses finances, la noblesse. À tous les coups qui le frappent, il répond par un chef d'oeuvre. Jusqu'à ce bout du chemin, le 26 mars 1827, en plein coeur d'un orage. Il meurt en nous laissant, en nous léguant cette joie, les derniers accents de sa neuvième symphonie devenu le chant de l'Europe enfin réconciliée. Ce livre est le récit de cette passion, le portrait d'un génie fraternel. Un livre né d'un double amour.Pour l'Europe.Et, bien sûr, pour la musique. Car le trio « Fidelio » que viennent de créer Erik Orsenna, le pianiste Michel Dalberto et le violoncelliste Henri Demarquette raconte, mots et notes mêlés, cette folle et bouleversante passion pour la Fraternité.De quel trésor avons-nous le plus aujourd'hui besoin ?
Toute famille a ses eldorados. Des lointains peuplés d'ancêtres forcément farouches, séducteurs et richissimes. Enfant, on me promenait sur les ports, on m'enivrait de Brésil et de Caraïbes, sans plus de précision. L'âge venant, j'ai décidé d'aller y voir.
Elle s'appelait Villademoros, papetière. Il se prénommait Augustino, négociant. Mes arrière-grands-parents. Ils habitaient La Havane, où ils étaient nés.
Cent vingt ans plus tard, Cuba coupe le souffle tellement les gens, les lieux son beaux, et serre le cœur tant l'échec est criant. Un grand Fidel est passé par là. Il voulait édifier le paradis sur terre... on peut construire des écoles, des hôpitaux. On ne force pas un peuple au bonheur. Surtout quand ce peuple le possède en lui. Vous l'aviez deviné : en même temps que l'arbre généalogique, nous avons visité les ruines du rêve.
E.O.