L'entrée du numérique dans nos sociétés est souvent comparée aux grandes ruptures technologiques des révolutions industrielles.En réalité, c'est avec l'invention de l'imprimerie que la comparaison s'impose, car la révolution digitale est avant tout d'ordre cognitif. Elle est venue insérer des connaissances et des informations dans tous les aspects de nos vies. Jusqu'aux machines, qu'elle est en train de rendre intelligentes.Si nous fabriquons le numérique, il nous fabrique aussi. Voilà pourquoi il est indispensable que nous nous forgions une culture numérique.
Sociologue, Dominique Cardon est directeur du Médialab de Sciences Po. Il y a créé le cours « Coder/Décoder » qui est à l'origine de cet ouvrage. Il est notamment l'auteur de À quoi rêvent les algorithmes (Seuil, 2015).
Google, Facebook, Amazon, mais aussi les banques et les assureurs : la constitution d'énormes bases de données (les " big data ") confère une place de plus en plus centrale aux algorithmes. L'ambition de ce livre est de montrer comment ces nouvelles techniques de calcul bouleversent notre société. À travers le classement de l'information, la personnalisation publicitaire, la recommandation de produits, le ciblage des comportements ou l'orientation des déplacements, les méga-calculateurs sont en train de s'immiscer, de plus en plus intimement, dans la vie des individus. Or, loin d'être de simples outils techniques, les algorithmes véhiculent un projet politique. Comprendre leur logique, les valeurs et le type de société qu'ils promeuvent, c'est donner aux internautes les moyens de reprendre du pouvoir dans la société des calculs.
Dominique Cardon est sociologue au Laboratoire des usages d'Orange Labs et professeur associé à l'université de Marne-la-Vallée (LATTS). Avec La Démocratie Internet (Seuil, 2010) et de nombreux articles, il s'est imposé comme l'un des meilleurs spécialistes du numérique et d'Internet.
En réaction à la concentration de la production dinformation entre les mains de puissants conglomérats de presse, un « médiactivisme » sest développé tout au long du XXe siècle jusquà nos jours.Dès lorigine, il a pris deux voies parallèles : celle dun combat contre lhégémonie culturelle des médias traditionnels, et celle de la production dun autre type dinformation, sur des bases militantes, locales ou communautaires. Alternatif ou militant, ce médiactivisme na cessé de sadapter aux mutations de lespace journalistique et du répertoire de laction collective.Cette histoire des médias alternatifs depuis les années 1960 met en lumière la grande diversité des expériences, quil sagisse de la création de journaux révolutionnaires, de médias communautaires, de radios libres, dagences de presse dans les pays du Sud, ou, plus récemment, dun activisme qui sexprime sur internet.