France, Espagne, Portugal, Grèce, Suède : dans tous ces pays, les partis socialistes sont arrivés au pouvoir presque en même temps. Ce livre dresse un premier bilan de leurs initiatives, en les replaçant dans leur contexte mondial : affrontement Est-Ouest, contradictions Nord-Sud, tensions aggravées dans chacun des grands systèmes politiques en présence. En effet, les socialistes se proposaient d'introduire plus de rationalité, de liberté, de responsabilité, et de justice dans les structures de la société occidentale, afin d'atténuer et, à la limite, de dépasser les contradictions menaçantes de notre temps.
Qu'ils disposent d'une majorité parlementaire absolue ou relative, les différents partis socialistes ont inscrit leur action, à chaque fois, sur une toile de fond historique spécifique. Les réformes qu'ils ont introduites se sont heurtées à toute sorte de résistances économiques et politiques. Certaines réformes étaient compatibles avec les principes socialistes, d'autres pas. Les socialistes grecs et suédois remportèrent assez de succès, pour que les électeurs leur confient une nouvelle législature. Pour avoir oublié leur vocation première, les socialistes portugais furent sanctionnés, et subirent un sévère échec électoral. Les socialistes français sont confrontés, à leur tour, à l'électorat de leur pays, comme les Espagnols le seront bientôt. Le bilan qu'ils présentent est-il assez positif pour leur permettre de continuer leur oeuvre ? En tout état de cause, l'exemple suédois montre que le socialisme démocratique ne peut procéder aux changements de société que par étapes, et qu'il ne craint pas l'alternance.
En analysant et en comparant avec sympathie, mais sans complaisance, le chemin que les partis socialistes au pouvoir ont parcouru depuis 1981, le présent ouvrage - qui s'impose dès à présent comme un livre de référence - se propose de mieux éclairer les choix à venir.
Deux naufragés dans le Grand Nord. L'un valide, l'autre blessé. L'un qui tire le traîneau, l'autre qui n'est qu'un poids mort. Le premier espère atteindre la terre habitée, le second s'enfonce lentement dans la nuit éternelle. Qui va entraîner l'autre dans son destin ? André Kédros a écrit là un roman d'aventures d'une espèce supérieure, dont le suspense, intériorisé, projette des ombres inquiétantes sur notre avenir collectif.
Les jeunes générations sentent que l'irruption de la physique et de l'astronautique dans la destinée humaine ruine les anciennes valeurs. Elles cherchent une issue à leur angoisse, mais se heurtent invariablement à ce terrible verrou : la menace atomique. Damien, élève électronicien, a rassemblé autour de lui des garçons et des filles de condition sociale diverse. A l'aide d'un appareil, conçu sur le modèle des relais de télévision, ils diffusent des émissions clandestines, pouvant être captées sur l'étendu d'un arrondissement. Leurs discours, qui visent la guerre atomique ou la guerre tout court, provoquent le scandale, et les services de la police sont incapables de localiser ces émissions. Damien disparaît. La petite bande va à la dérive et charge Coronel, le seul adulte dont elle « tolère » l'amitié, de retrouver Damien. Coronel, ancien résistant devenu écrivain, mène une enquête qui lui fait découvrir le milieu où a vécu Damien, tandis qu'un des membres de la bande est arrêté. Les jeunes accusent Coronel de les avoir trahis et montent son procès, procès qui rappelle étrangement celui de Socrate. Cette accusation et la lecture de « Notes sur les années 2 000 », qui avaient été écrites par Damien, amènent Coronel à découvrir l'absurdité de la vie. Il s'effondre complètement en apprenant le suicide d'un ancien familier de Damien en qui il avait cru trouver le véritable responsable de la trahison. André Kédros a écrit un roman riche en événements et en résonances. Il n'a pas craint de mêler histoire et anticipation, afin d'exciter l'émotion, mais aussi l'imagination et la réflexion du lecteur. Avec Le Verrou, A. Kédros nous donne aujourd'hui une oeuvre maîtresse.
Zénovie de la Souche est privée de sa Rolls par l'interdiction des véhicules à quatre roues dans l'île de Porquerolles. Intoxiquée de romans policiers, elle va jouer au détective au milieu d'un grouillement d'aventures décrites dans un argot-bidon. L'auteur n'a voulu, en écrivant « Échec aux dames », que tirer vers le grotesque le roman policier du genre série noire, en projetant sur l'entourage du personnage de Zénovie toute la fausse lumière qui baigne les livres de gangsters.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Grand parrain sicilien, Basilio Salvo évite les clans de la drogue et leurs règlements de comptes sauvages. Il a bâti sa fortune sur les travaux publics, les spéculations financières et le trafic d'armes. Hélas, le scandale du cyclotron de Palerme le prive, ces derniers temps, des adjudications les plus juteuses. L'Iran et l'Irak ayant cessé de se faire la guerre, et les factions libanaises de s'entre-tuer, le trafic d'armes n'est plus ce qu'il était. Les temps sont durs... Salvo ne se laisse pas abattre. Entre sa somptueuse villa de la côte ligure et Venise, entre Gênes et Monaco, entre Milan et Tokyo, il tisse les fils d'un grand jeu qui doit lui rapporter des millions de dollars. Les algues et la Bourse de New York y tiennent une grande place. Mais la réussite de ses projets dépend aussi d'un émir jordanien, d'un informaticien de génie, d'un yakuza - parrain de la pègre japonaise -, de chercheurs généticiens. Et de quelques jeunes femmes qui ne manquent pas d'arguments. Bien que parfaitement au point, le grand jeu du Sicilien capote. Pauvre Basilio Salvo ! Pour son bonheur, Saddam Hussein vient d'envahir le Koweït. De beaux jours s'ouvrent de nouveau au trafic d'armes. Il était temps ! Humour et imagination, action et vérité : un thriller très singulier...
C'est dans une ville en proie à l'inondation, aux éruptions, aux effondrements et à toutes les terreurs, que s'éveille, un matin, le narrateur de « L'absence à vif ». Lui-même vit, dans son esprit, son coeur et sa chair, semblable catastrophe, car sa femme vient de le quitter, entraînant leur enfant, le laissant exsangue. Au spectacle de l'horreur qui se déchaîne, fou d'inquiétude, il se lance à la recherche de Maja et de Sophie, à travers la cité foudroyée. Longue quête, quête éperdue parsemée d'étranges rencontres sous un ciel de fin du monde... Ce roman passionné touche au coeur. Amour de la femme, amour de l'enfant, crainte et haine de tout ce qui menace la vie, de toutes les folies d'un monde devenu fou de puissance et d'orgueil - et l'espoir, malgré tout... Une voix, la voix d'un homme d'aujourd'hui, s'élève ici ; elle parle si haut et si fort que l'on ne peut pas ne pas l'entendre.
L'Islande, l'Hyperborée des Grecs anciens... Comme ses ancêtres, Stratis Mavromatis, pilote américain d'origine grecque, attaché à la base américaine de Keflavik, éprouve pour cette île une fascination imprégnée de malaise. Est-ce cette fascination qui le rend vulnérable ? Ou Ingrid, sa maîtresse qui, entre deux étreintes, distille dans son esprit le doute sur sa mission de défenseur de l'Occident ? Plus éprouvante pour son équilibre mental est sa rencontre avec un orque. Nageur sans défense, la baleine tueuse aurait pu le déchiqueter. Or, il demeure persuadé qu'elle l'a épargné et lui a même délibérément sauvé la vie. Réalité ou délire ? Nul ne le saura jamais, car à travers ses fantasmes qui tournent autour du monstre marin, Stratis exorcise la profonde angoisse qui l'étreint. Un incident mineur et ses liens avec Ingrid, épouse d'un député aux opinions radicales, déclenchent à l'encontre du lieutenant une enquête des services américains de contre-espionnage. Mais Stratis Mavromatis a cessé, depuis un bon moment, de maîtriser son vécu et ses interrogations. Déjà à la dérive, il accumule les maladresses et alimente les soupçons. Agent de l'ennemi ou instrument involontaire d'un complot ? Fou ou simulateur ? Sa déraison même, devient l'enjeu d'une intrigue politico-militaire dont le dénouement, en faisant intervenir l'orque, sera aussi inexorable que surprenant. Dans ce roman singulier, le non-dit sous-tend presque constamment le récit. Son charme réside dans l'art avec lequel est capté le scintillement ambigu de la vie, du rêve et de la folie.
Stresa, sur le lac Majeur, face aux îles Borromées. Stresa, quasi déserte en ces premiers jours du printemps, sous un vent violent qui vient du froid. C'est là que Michel Sarandis, journaliste français d'origine grecque, arrive, par un jour aigre. Selon les instructions reçues à Paris, il s'installe à la pension l'Orchidée. Cet établissement discret, étrangement silencieux, appartient à une Organisation sans nom, qui se charge, contre bon argent, de faire franchir à des personnes en danger les frontières des pays de l'Est. Ce pourquoi Michel Sarandis est à Stresa : Miléna, qui fut l'amour de ses vingt ans, à qui il doit tout, et même la vie, l'a appelé au secours : menacée par le régime qui vient d'étouffer le printemps de Prague, elle doit quitter sa patrie... Le récit des démêlés de Michel Sarandis avec ce monde du secret et tout ce qui gravite autour de lui, ferait déjà du Rendez-vous du lac Majeur un roman surprenant, révélateur de certaines moeurs et de certaines méthodes de notre temps. Mais sa plus profonde richesse est ailleurs : dans l'évocation de cette fascinante Europe centrale des années 30, que l'ombre du nazisme recouvrait peu à peu ; le mal gangrenait tout, même l'amour, et dans la nostalgie et la confuse terreur que cette Europe-là fait lever en nous. Du passé et du présent, des événements et des personnages, des passions et des idées : il y a du Graham Greene dans ce roman-là.
Les années 50... En Grèce, la guerre civile s'est achevée dans le sang. Les anciens résistants sont déportés et fusillés par milliers. En 1952, un appareil d'État hérité du régime fasciste organise un procès en espionnage autour de Beloyánnis et de quatre-vingts de ses camarades. Dirigeant du parti communiste clandestin, Beloyánnis est un être d'exception. Conscient du sort qui l'attend, il traite les juges militaires avec hauteur et les défie, une fleur à la main. L'auteur de ce livre de souvenirs est arrivé à Paris en décembre 1945. Ancien résistant, psychologue de formation, il devient très vite un écrivain de langue française. Aragon, qui l'a découvert, l'aidera à déclencher une campagne internationale autour de l'homme à l'oeillet. Cette campagne ne sauvera ni Beloyánnis ni trois autres de ses camarades du peloton d'exécution. Mais elle mettra un terme, en Grèce, aux exécutions légales. Centré sur l'homme à l'oeillet, ce livre-témoignage évoque la vie difficile dans la France de l'immédiat après-guerre, et les débuts de la guerre froide ; il évoque surtout le pénible itinéraire d'un jeune intellectuel grec fidèle à ses anciens compagnons de combat, mais pour lequel les crimes de Staline et de ses acolytes deviennent de plus en plus transparents. Les témoins des années 50, mais surtout les jeunes générations, se passionneront pour cet ouvrage. Il restitue ces années-charnière dont les drames et les menaces rendent plus compréhensible la nécessaire et gigantesque mutation à laquelle nous assistons aujourd'hui.
Parce qu'un homme s'est suicidé en se jetant du haut des tours de Notre-Dame, un autre homme, riche, comblé, un de ces tigres de la jungle capitaliste, Basile Maltézos, voit s'effondrer ce qu'il avait construit à coups d'argent. Sous l'égide d'une jeune femme, Nicole, il part en quête d'une "nouvelle géographie humaine" : celle d'un monde - peut-être utopique - où régnerait l'amour. Cet itinéraire spirituel nous conduit dans les milieux les plus étranges, à travers un Paris sur lequel la guerre d'Algérie projette ses ombres et aussi les éclairs de ses attentats. Il se trouve renforcé, en quelque sorte, par la quête inverse que poursuit Davies, le secrétaire de Maltézos, lequel, n'en pouvant plus d'être humilié, cherche dans la passion une compensation désespérée à son impuissance. Ce roman violent illustre bien le malaise profond de notre époque : soit que les hommes, dans leur désir de pureté, atteignent à l'utopie, soit que leur avidité les mène à la déchéance.
Lorsque Yorgos Sotiriadis, qui dirige un bureau d'import-export à Athènes, arrive à Bucarest, il ne se trouve pas en pays inconnu. Alors que, dans les montagnes du nord de la Grèce, les maquis communistes nés de la guerre civile étaient sur le point de succomber, son père les avait mis à l'abri, sa mère et lui, en Roumanie. Et c'est là qu'il a grandi dans l'adoration de sa mère, Despina, et la pensée de Manos, héros vaincu et père terriblement absent. Yorgos n'est pas venu à Bucarest pour ranimer le passé, mais pour affaires. Et l'homme qu'il rencontre, lui apparaît vite aussi douteux que redoutable : sans doute un ancien agent de la Securitate de Ceaucescu, reconverti dans la mafia. En tout cas, pour mieux l'entraîner dans ses entreprises, l'homme jette dans ses bras une jeune prostituée, Varvara, qui ressemble furieusement à Despina, la mère tant - et peut-être trop - aimée. C'est à Athènes, avec l'arrivée de Varvara, que le piège va se refermer sur Yorgos, dans un climat de chantages et de mensonges, sous le regard muet du vieux Manos, l'ancien résistant qui n'a rien renié de ses fidélités, et qui considère avec effarement ce fils voué au seul culte de l'argent. Cette histoire d'aujourd'hui, seul André Kédros pouvait l'écrire. Parce qu'il est grec, parce qu'il est l'héritier des années terribles de la Résistance et de la guerre civile en Grèce - son histoire de La Résistance grecque fait toujours autorité -, parce que, auteur d'une oeuvre romanesque importante, il sait, avec force, faire partager à ses lecteurs les passions pour lesquelles les hommes et les femmes vivent et meurent.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.