"Il y a plus de 350 ans, Spinoza stupéfiait l'Europe par sa philosophie de la Nature révolutionnaire. Aujourd'hui, sa conception de l'homme, et du corps en particulier, est encore d'une brûlante actualité. En effet, on assiste à une revalorisation du corps et à la nécessité d'une plus grande symbiose entre l'homme et la Nature. Pour Spinoza, l'âme s'étonne devant la complexité du corps. Qu'est-ce donc qu'un corps ? Qui sait ce que peut un corps, son corps ? Jusqu'à quel point suis-je mon corps ? Comment peut-on devenir libre et expérimenter le « salut » ? Comment faire corps-société, si chaque corps cherche à augmenter sa propre puissance ? L'auteur cherche ici à connaître les origines de l'anthropologie de Spinoza, ses originalités et ses limites."
À rebours de la métaphysique, Friedrich Nietzsche a, tout au long de ses textes, interrogé le temps. Si sa pensée, inactuelle et antisystème, est loin de se focaliser sur cette question, son oeuvre regorge pourtant d'une authentique philosophie du temps qui s'agence selon des perspectives transversales : des temporalités. La philosophie de Nietzsche n'a de cesse de les réinventer : le présent, la modernité, l'histoire ou l'avenir. Tandis qu'il renouvelle l'intuition antique de l'éternel retour, Nietzsche accorde sa préférence à la méthode généalogique en tant que pratique de la philosophie : il s'agit désormais de porter son regard sur la temporalité d'une idée, plutôt que sur son essence.
"Cet ouvrage questionne le fondement métaphysique de notre civilisation technicienne mondialisée. Le premier essai est consacré aux fameux Séminaires du Thor, tenus par Heidegger à l'invitation de René Char, sur la base d'une inquiétude commune du philosophe et du poète concernant le péril que la technique fait courir à l'homme moderne. L'essai sur Kant et Hegel s'efforce, quant à lui, de montrer que l'idéalisme allemand, en lequel culmine la métaphysique, n'a pas d'autre signification fondamentale que de mettre au jour les présupposés ontologiques qui portent en secret notre civilisation. Enfin, le troisième essai, qui porte sur le dernier cours de Heidegger (Le Principe de raison, 1955), représente une tentative pour éclairer notre monde à la lumière du principe de raison suffisante formulé par Leibniz."
"Il y a chez Platon et Montaigne une réflexion sur la vie et la mort qui présente une similitude : chez aucun d'eux, la vie n'est le bien le plus précieux que l'homme puisse connaître, car le seul bien réel est la liberté de penser le vrai. Dans cet ouvrage est mis au jour le fait que, pour un idéaliste et pour un fataliste, la mort délivre du faux avec, pour conséquence, qu'elle en devient désirable."
Ego et communauté. Au contraire de la position défendue par la plupart des interprètes de Husserl qui, au nom de l'intersubjectivité, lui reprochent de suivre une « voie cartésienne » et d'accorder un privilège à l'ego cogito, il s'agit de montrer que cette critique n'est pas fondée : le primat méthodologique de l'ego est au contraire une condition nécessaire pour constituer la communauté intersubjective, et éviter de subordonner l'individualité vivante à une « transcendance » anonyme. L'enjeu est de comprendre la crise des temps modernes comme celle d'un monde aliéné qui s'est fondé sur l'oubli de la vie, mais aussi sur le déni du pouvoir constituant de l'ego et la répression de toute subjectivité.
"En sa qualité de scientifique, de philosophe et d'érudit du judaïsme, Yeshayahu Leibowitz fut l'un des penseurs juifs les plus remarquables du XXème siècle. Il n'est pas aisé de cerner l'approche philosophique de Leibowitz du judaïsme, parce que nous sommes confrontés au paradoxe d'un Juif orthodoxe qui, en tant que rationaliste, exclut toute idée d'intervention divine dans la Nature ou dans l'Histoire. En quoi, dans ces conditions, consiste la foi de Leibowitz ?"
"Penser la réalité humaine à la lumière d'une ontologie juridique exige le discernement du phénomène du droit. La vie privée et la vie publique s'interpénètrent pour donner sens au vécu des citoyens. Ce vécu se caractérise par une revendication d'autonomie autoréférentielle. La réflexion critique de la philosophie sur le droit permet d'envisager l'accomplissement d'une modernité à déconstruire dans ses catégories de légitimité, légalité et liberté. Ainsi, l'ossature du positivisme juridique s'élabore à partir de la matrice d'une rationalité juridique subjective, propice à l'institutionnalisation du cadre normatif et politique d'une démocratie citoyenne. Mais le droit et le pouvoir sont désormais mutilés par une moralité de la socialisation et l'objectivité de la raison."
"En dépit de pertinentes et profondes lectures, le sens de la pensée de Descartes n'a jamais été pleinement exhibé dans toute sa portée ontologique. D'une part, parce qu'il est impossible de faire une lecture obvie de son oeuvre qui ne peut se comprendre qu'à partir de ce à quoi elle s'oppose, ensuite parce que l'erreur majeure la plus fréquente fut d'en faire un simple précurseur de l'idéalisme allemand. Or, Descartes, central dans l'histoire de la philosophie, visionnaire anticipant le monde moderne des sciences mathématiques et de la technique planétaire, doit être enfin compris, comme celui chez qui la métaphysique s'est pleinement accomplie et peut être alors élucidée en son sens fondamental."
"En ce moment propice aux débats sur la Constitution, la souveraineté du peuple, la démocratie directe, cet essai veut donner un aperçu historique, politique et philosophique du problème, à partir d'une seule idée directrice repensée dans la perspective de la « théorie mimétique » de René Girard : l'opposition établie par Giovanni Lobrano entre le « modèle ancien ou romain », seul vrai modèle républicain, et le « modèle moderne ou germano-anglais », d'origine féodale."
"Cet ouvrage pose à nouveaux frais la question de l'être, car si Heidegger est aujourd'hui incontournable, il ne semble pas avoir tenu ses promesses. Sa pensée est en réalité clivée, de sorte qu'il ne répond pas à la question de l'être et s'évertue, au contraire, à en préserver l'énigme. Nous nous efforcerons d'exhiber la réponse à la question du sens originel de l'être demeurée impensée chez Heidegger. L'outil philosophique que nous extrayons de cette pensée permettra d'éclairer les grands systèmes métaphysiques et de faire la critique de la civilisation technicienne mondialisée."
L'illusion, dans la philosophie de Kant, est généralement interprétée comme ce dont il faut absolument se déprendre. Cet ouvrage reconnaît, quant à lui, l'illusion au sens de Kant dans sa fonction philosophique et dans sa valeur pour l'être humain. L'illusion apparaît ainsi comme prise dans un jeu incessant et nécessaire avec la raison. On comprend alors que l'illusion est un élément essentiel pour notre existence, qu'elle participe de l'éveil de la pensée critique et même la structure. Ainsi, la pensée critique instaure son propre rapport à l'illusion, ce qui apparaît notamment dans l'esthétique kantienne de l'illusion, pièce maîtresse d'une éthique de l'illusion.
"Ces conférences prononcées à Copenhague en 1888-89 sont le premier essai consacré à l'oeuvre de Nietzsche. Elles sont ici présentées dans leur intégralité et comprennent les douze lettres que Nietzsche adressa à Brandes ainsi que l'annexe de 1900 faisant état de la virulence des réactions. Ces textes sont précédés d'un essai introductif consacré à la réception de Nietzsche en Scandinavie parmi les créateurs (Strindberg, Munch, Hamsun et Ibsen). À la faveur de cette interprétation, les concepts nietzschéens ont été mis en scène et figurés, c'est-à-dire pensés à la faveur de l'activité artistique : la volonté de puissance, le surhomme, l'antichristianisme, mais aussi l'éternel retour sont au coeur d'une dramaturgie qui a inauguré l'ère du tragique « moderne » (Strindberg)."
"L Europe a traversé au XXe siècle une suite de bouleversements terribles ayant fait vaciller les principes moraux les plus élémentaires. Malgré le tragique et l absurde apparents, ces phénomènes prennent leur sens si on les examine à l aune de ce que Nietzsche a qualifié de nihilisme, compris comme dépréciation des valeurs suprêmes, et de la mort de Dieu. Cet ouvrage se propose de montrer en quoi la perte d un fondement suprême a conduit à une crise de légitimité de l ordre politique donnant lieu à une lutte entre conceptions du monde antagonistes. C est dans le cadre d une telle « guerre des dieux » que pourra être éclairée l émergence d une forme de domination inédite, le totalitarisme."
Les principaux signes de la crise écologique se trouvent dans la pollution sous toutes ses formes : destruction des milieux naturels, épuisement des ressources, pillage de la planète, disparition des espèces, perturbations climatiques ou encore risques liés aux manipulations génétiques. Tous ces signes sont des conséquences du progrès des sciences et des techniques. Cet ouvrage présente quelques grands représentants de l'écologie philosophique : Michel Serres, Hans Jonas et Edgar Morin. Connaître leur pensée, c'est faire face aux questions écologiques de notre temps : Serres propose la signature d'un contrat naturel entre l'homme et la nature. Pour Jonas, la solution se trouve dans l'éthique de la responsabilité de l'homme envers la nature et les générations futures. Edgar Morin promeut pour sa part une éthique planétaire.
"« En écrivant son Traité de l'Interprétation, Aristote a trempé sa plume à l'encre de son esprit ! » L'antique remarque de Cassiodore vaut encore aujourd'hui. S'appuyant sur ses prédécesseurs, Thomas d'Aquin régie un commentaire hautement structuré, reconnu comme l'un des plus explicites. Demeure inachevé, il est complété par Thomas de Vio, dit Cajetan, un des premiers grands thomistes et maître logicien. C'est de l'ensemble de ces deux parties de commentaires que nous proposons la traduction, dont la seconde pour la première fois en français."
"Les éléments théoriques et historiques ici proposés sont en oeuvre chez les philosophes pour penser le rapport de la philosophie au processus de civilisation occidentale en interaction avec l'en-dehors. L'exercice consiste à rendre intelligible l'historicisme qui pose le rapport de la Grèce et de la philosophie comme une origine d'une histoire intérieure à l'Occident, pour faire en définitive de la philosophie un devenir-monde. La charge de la philosophie est immense ; elle se doit de figurer le projet de l'Occident. En contrepoint, il y a lieu de considérer le rôle décisif de l' « en-dehors », non pas de cet Orient exotique que crée l'Occident, mais plutôt de celui du geste inverse par lequel l'Occident devient."
"Ce livre interroge les concepts de force et de violence dans l'oeuvre de Thucydide. En particulier, nous essayons de lire son histoire par le biais de la lutte violente pour la domination. Comment Thucydide comprend-il la domination, mais surtout le conflit de deux forces différentes, celle d'Athènes et celle de Sparte ? Comment reconstruit-il la naissance et la formation des premières forces dans le monde grec ? Comment décrit-il la violence qui transforme le sort des villes impliquées dans cette guerre ? Pouvons-nous dire que pour Thucydide l'histoire est essentiellement le lieu de la souffrance humaine ?"
"Pour E. Armand, une chose est sûre : si la sexualité est brimée, l'individu est aliéné, la liberté est bafouée et la société détraquée. Penseur anarchiste individualiste, il offre une analyse pointilleuse de l'aliénation sexuelle. Avant-gardiste, il défend un droit à la jouissance pour tous, critiquant les préjugés et la morale dominante à contresens de l'émancipation des individus, hommes comme femmes : la jalousie, le propriétarisme en amour, le couple monogame... Comment y remédier ? L'amour libre est la clé d'un modèle de société plus libre et égalitaire, en un mot : anarchiste et construite sur l'entraide sexuelle et relationnelle, la « camaraderie amoureuse »."
"Nous nous croyions sortis de la soumission. Pourtant, nous devons constater un retour en force de toutes les formes d'acceptation à des injonctions extérieures. Contre l'idée de servitude volontaire, l'auteur se propose, partant de Spinoza et de Freud, de comprendre ce qu'est l'essence même de la soumission et comment elle produit des croyances, dont les plus puissantes sont religieuses. Le progrès du savoir devait détruire les superstitions et donc l'asservissement. On propose ici l'inverse : c'est parce qu'ils sont d'abord soumis à leurs propres affects que les hommes croient en des superstitions. Seule la connaissance de cette mécanique affective peut laisser espérer une libération."
"Qu'enseignaient ces professeurs du IIIe au VIe siècle ? Ce qui est à l'origine de notre civilisation. Hypatie avait eu le courage de la vérité jusqu'au martyre. Dans ses recherches sur la science, sa philosophie, ses cours et ses commentaires de Plotin, elle gardait sa liberté de parole. A Rome, Plotin enseignait une psychologie, et en plus de l'idée platonicienne d'homme ajoutait celle d'individu, le faisant progresser par l'éducation libre vers le Bien. Jamblique lui retourne à Pythagore : dans la sagesse, une vie libre allant vers la vérité. Proclus, commentant Platon, suit l'éducation d'Alcibiade, dans la dialectique socratique, et lui apprend la science nécessaire avant d'envisager l'action politique."
On peut dire tout ce qu'on veut sur Michael Löwy et son attachement inébranlable au romantisme révolutionnaire, au messianisme utopique des penseurs juifs libertaires d'Europe centrale et à la révolution en Amérique latine. Une chose est certaine : son principal mérite est d'avoir articulé une sociologie critique très orientée vers les déterminants socio-économiques de la conscience des classes sociales (très influencée par Max Weber et Karl Mannheim) avec une philosophie marxiste de la praxis dont le but est toujours l'émancipation des classes exploitées et opprimées par le capitalisme. Porteur d'une espérance émancipatrice, écosocialiste, il a fait sien le mot d'ordre de Rosa Luxemburg « socialisme ou barbarie ».
Confronté au réel, l'homme fantasme. Mais ne fait-il que se réfugier dans le plaisir ? Il a seulement oublié que le réel était la matière qui lui avait donné une forme et que l'essentiel de son existence se passait à rechercher le pouvoir, sur le monde, sur les autres et sur lui-même. Tout ce qu'il connaît, il le doit aux besoins de la matière qui, devenue mortelle, s'efforce de survivre. Parce que l'homme confond le changement avec la vie, il veut le gouverner alors qu'il ne peut abdiquer que devant la mort. Or la mort est probablement l'instant où l'homme ne fantasme plus et connaît enfin le réel qu'il n'a pas su trouver. Paraître est un leurre qui cache mal nos angoisses existentielles
"René Girard (1923-2015) et Claude Tresmontant (1925-1997) ont chacun de leur côté, à travers le judéo-christianisme, réhabilité le monothéisme à partir d'une seule idée directrice : la négation d'un Dieu persécuteur pour Girard, l'affirmation d'un Dieu créateur du monde pour Tresmontant. A partir de là, les deux « balayeurs » font le ménage dans l'histoire de la pensée, au bénéfice d'une nouvelle psychanalyse (« chrétienne » !) ; en tant que « constructeurs », ils montrent la profonde continuité entre le christianisme et le judaïsme et confirment la légitimité d'un « évolutionnisme chrétien » pour qui l'Evolution, c'est « la Création en acte »."
"Avec Edith Stein, nous entrons dans une dimension où la quête de la foi n'est pas exclusivement du domaine de la philosophie ni de la théologie. Pour mieux comprendre Edith Stein, il n'est pas possible de parler de la foi en philosophie et en théologie en dehors de certains préalables. Ces préalables sont vus sous les approches de philosophes et théologiens afin de souligner la similitude entre la philosophie et la théologie par rapport à la quête de la foi. Le chemin de la croix poursuivi par Edith Stein est un chemin peu ordinaire. Malgré sa sympathie pour la philosophie de Thomas d'Aquin, elle prend position en ce qui concerne la philosophie chrétienne qui doit être envisagée comme une solution à un problème ontologique et épistémologique : celui de la Vérité et de la Foi."