Depuis sa parution en Italie en 1971, l'édition critique de la Chanson de Roland par Cesare Segre s'est imposée comme la " bible " des rolandiens.
En 1989 a paru la version française de cette édition, due au soin talentueux de Madeleine Tyssens. Les médiévistes français ont salué d'une seule voix les qualités de l'ouvrage. Aujourd'hui reparaît l'édition du texte critique de la version O avec ses variantes, enrichie de l'ample introduction et de l'index des noms propres de Cesare Segre, ainsi que d'un glossaire établi par Bernard Guidot. Ce faisant, cette édition est un remarquable instrument d'enseignement pour découvrir ou redécouvrir la Chanson de Roland.
Publié en 1554, sans nom d'auteur, le Lazarillo de Tormès raconte, sous la forme d'une confession, les aventures juvéniles d'un crieur public qui s'estime parvenu au comble du bonheur en faisant ménage à trois avec la servante d'un archiprêtre. Mais, sous ces apparences facétieuses, se cache mal une satire de l'Espagne de Charles Quint, ce qui lui valut d'être mis à l'index en 1559. Aussi bien a-t-on été tenté d'y voir la main d'un écrivain érasmisant, mais les attributions qui en ont été faites récemment à Juan de Valdès ou Juan Luis Vivès sont inconciliables avec la date de sa composition, qui a pu être fixée postérieurement à leur mort. Cette objection ne vaut pas, par contre, pour Francisco de Enzinas qui, déjà célèbre dans les milieux de la Réforme par ses traductions de l'Institution de la religion chrétienne de Calvin et du Nouveau Testament révisé par Erasme, projeta en 1548 de publier, par nécessité financière, un "livre en espagnol", que l'on a pris à tort pour une simple traduction du latin ou du grec. Selon l'hypothèse émise par Roland Labarre, il ne s'agissait de rien de moins que du Lazarillo de Tormès qui, resté à l'état de brouillon lorsque Enzinas mourut le 30 décembre 1552, aurait été acquis par le libraire Arnold Birckmann, lequel l'aurait lui-même grossièrement remanié avant de le remettre à l'imprimeur anversois Martin Nuyts. Ainsi s'expliqueraient les nombreuses erreurs des princeps auxquelles la présente édition s'est efforcée de remédier.
Le Dictionnaire des gens de couleur porte sur une population qui, à ce jour, n'a été abordée que par la question de la traite négrière. Or, c'est quelque 15 000 hommes et femmes qui, entre les Grandes Découvertes et la Révolution, ont été amenés dans le royaume pour servir les élites aristocratiques et marchandes.
Présentées par régions, les 3087 notices du présent volume, qui porte sur Paris et son bassin, sont le fruit de recherches méticuleusement menées dans les fonds d'archives nationales - anciennes colonies, Amirauté de France - ainsi que dans les fonds des grandes villes portuaires comme Le Havre, Nantes et Bordeaux - registres d'armement et de désarmement des navires, registres paroissiaux.
Au-delà de l'inventaire, le Dictionnaire des gens de couleur retrace l'histoire d'une partie de la société à travers les itinéraires, les passages des capitaines négriers aux propriétaires citadins, l'insertion par le biais du mariage ou encore des destinés exceptionnelles- celles d'un chevalier de Saint-Georges ou d'un général Dumas, qui ont à la faveur de talents reconnus pu atteindre la notoriété.
Intitulé République des Lettres, République des Arts, ce volume de « Mélanges » témoigne du rayonnement scientifique de l
" Le Brésil français du XVIe siècle, en ses deux formes successives, la France Antarctique de Villegagnon et Jean de Léry, puis la France Equinoxiale de La Ravardière, Razilly et des Capucins, a habité de grandes oeuvres : Celles d'Alfred Métraux, Claude Lévi-Strauss, ou Michel de Certeau.
Chacun à sa façon s'est fait lecteur des récits rédigés par ces visiteurs d'un monde singulier dont les habitants n'étaient comparables à aucun de ceux que connaissaient, par l'histoire ou l'expérience, les chrétiens d'Occident. Les récits étonnés et émerveillés des voyageurs qui avaient abordé au monde de " par-delà " furent ainsi considérés comme une source précieuse pour déchiffrer les cultures de peuples sans écriture, donc sans archives, et pour comprendre comment la rencontre avec une étrangeté radicale avait obligé les Européens à penser différemment leurs propres inquiétudes.
Respectueuse de ces références imposantes sans en être prisonnière, Andrea Daher développe un projet autre, ainsi formulé : analyser les spécificités de l'oeuvre missionnaire française au Brésil dans ses stratégies et procédés visant la christianisation et l'occidentalisation des sauvages. " Roger CHARTIER
Sommaire :
T. Hunkeler Dante à Lyon : des rime "petrose" aux durs épigrammes; J. DellaNeva, Reading Desportes through the Italians:two early modern reader's responses; M. Largaiolli, La predica d'amore: npte sulla parodiasacra tra Quattro e Cinquecento; M. Bianco, Per la datazione di un sonetto di Vittoria Colonna (e di un probabile ritratto della poetessa ad opera di Sebastiano del Piombo); J. Balsamo, "Qual l'alto Egeo...": Montainge et l'essai des poètes italiens
Le colloque « Autour des collections d'art en Chine au XVIIIe siècle » a réuni des historiens européens de l'art, spécialistes de la Chine, du Japon et de l'Europe, ainsi que des sinologues, autour de la question du collectionnisme. La collection d'art est, en Chine, une pratique ancienne qui a donné lieu à des modes spécifiques d'acquisition, d'appréciation et d'exposition des objets. Sous la dynastie des Qing (1644-1911), la Chine voit s'opérer des changements dans la composition sociale de ses élites. Aux côtés des classes lettrées traditionnelles s'imposent progressivement des familles de riches marchands. Au même moment, les collections impériales connaissent un âge d'or. L'étude du collectionnisme chinois au XVIIIe siècle nous apprend beaucoup sur le goût des amateurs, l'évolution des pratiques, le marché de l'art et plus généralement sur la place de l'objet d'art dans la société.
Ce colloque a permis d'aborder la spécificité de la culture matérielle et artistique du xviiie siècle en regard des époques chinoises antérieures. Il s'est aussi révélé le lieu d'un échange fructueux entre spécialistes d'aires culturelles différentes, contribuant ainsi à mieux intégrer le fait chinois dans le champ de questionnement de l'histoire de l'art en général.
Plutôt qu'un hommage académique, la Grande chevauchée ouvre une perspective sur un atelier collectif, animé avec passion et sens de la fraternité par Daniel Roche, en véritable « républicain des Lettres » qu'il est.
Issu des travaux du séminaire d'Histoire des Lumières tenu au Collège de France, ce volume entend donner l'image vivante d'une méthode, celle d'un échange égalitaire et libre entre chercheurs d'horizons et de générations différentes, une méthode que Daniel Roche a pratiquée avec chaleur et générosité durant sa carrière.
On y retrouvera tous les thèmes qui ont été travaillés et renouvelés par Daniel Roche, dans la fidélité au projet émancipateur des Lumières, et avec un double souci : assumer l'héritage historiographique pour mieux innover, et donner à voir un « intellectuel collectif » à l'ouvrage.