" Patience, mes filles ! Munyal ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie." Au nord du Cameroun, au sein des riches familles peules et musulmanes, la patience est la vertu cardinale enseignée aux futures épouses. Entre les murs des concessions, où règnent rivalité polygame et violences conjugales, malheur à celle qui osera aller contre la volonté d'Allah. Mais c'est aussi là que les destins s'entrelacent. Ramla, arrachée à son premier amour ; Safira, confrontée à l'arrivée d'une deuxième épouse ; Hindou, mariée de force à son cousin : chacune rêve de s'affranchir de sa condition. Jusqu'où iront-elles pour se libérer ?
«Les livres sur Beyrouth ne traitent que de la guerre. Comme si cette ville n'avait d'autre thème à offrir que celui du drame. Dans ce cas, parler de la nourriture beyrouthine en littérature serait une transgression?»Pendant les 961 heures que Ryoko Sekiguchi a passées à Beyrouth, soit près d'un mois et demi, elle a dégusté 321 plats. Ce qui devait initialement être un livre de cuisine dresse aussi le portrait d'une ville, dont la riche culture se nourrit des personnes qui y vivent. Grâce aux histoires que les Beyrouthins lui ont racontées, l'autrice «fait revenir» - comme des oignons dans une poêle - un passé heureux qu'elle tente de préserver de l'oubli.
Star des destinations touristiques, la Méditerranée est célèbre pour son climat et une certaine dolce vita. À la croisée des continents, elle est aussi l'espace de la rencontre à la fois féconde et tragique de l'Orient et de l'Occident. Dans le sillage des commerçants grecs ou phéniciens, des conquérants romains et arabes, des croisés latins et des corsaires barbaresques, du tumulte de la colonisation européenne jusqu'aux exils et tensions d'aujourd'hui, cet ouvrage élaboré avec les meilleurs spécialistes propose un exceptionnel voyage à la découverte de cet espace fascinant et complexe.
« Cela faisait plus de cinquante ans que je n'étais pas revenu en Algérie où j'étais né, d'où nous étions partis sans rien. J'avais si souvent répété que je n'y retournerais jamais. Et puis une occasion s'est présentée :
Un festival de cinéma méditerranéen auquel j'étais invité comme juré à Annaba, une ville de l'Est algérien, ma région d'origine. J'ai pris en décembre l'avion pour Annaba, j'ai participé au festival, je m'y suis senti bien, j'ai eu l'impression d'une fraternité nouvelle avec eux tous. Mais au moment où, le festival fini, je m'apprêtais à prendre comme convenu la route des Aurès pour revoir la ville et la maison de mon enfance, un événement est survenu, qui a tout arrêté, tout bouleversé. C'est le récit de ce retour cassé que je fais ici. » Jean-Noël Pancrazi.
Depuis mars 2011, à la suite d'un soulèvement populaire et de sa violente répression, la Syrie est le théâtre d'une guerre entre un régime despote, l'État islamique et différents acteurs internationaux, dont la Russie de Poutine. Récit dramatique d'une révolution dans laquelle un peuple voit son aspiration à la liberté noyée dans le sang.
Syrie : le martyre d'une révolution se veut une vaste fresque des origines du soulèvement syrien, qui a commencé en mars 2011, jusqu'à aujourd'hui. Il décrit les acteurs et les actrices impliqué·es dans le soulèvement et comment la révolution en cours leur a échappé. Les mouvements fondamentalistes islamistes et djihadistes et les interventions régionales et internationales y sont mis en accusation.
Plus particulièrement, la nature du régime de Bachar al-Assad, mélange de despotisme et de corruption, est analysée ainsi que la façon dont il a procédé pour réprimer le mouvement révolutionnaire. L'implication de la population kurde et des organisations kurdes dans le soulèvement fait l'objet d'un chapitre particulier, avec notamment l'influence croissante du Parti de l'union démocratique (PYD) et de ses combattant·es. Enfin, l'internationalisation du soulèvement syrien et les interventions, directes ou indirectes, de divers acteurs internationaux et régionaux sont analysées, y compris l'implication massive des alliés de Damas, de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah, sans oublier le rôle des États-Unis et des monarchies du Golfe.
Lors de l'invasion russe de l'Ukraine, de nombreux Syrien·nes ont affiché leur soutien au peuple ukrainien. Marioupol leur rappelle Alep.
Au centre d'un cirque de montagnes, Ispahan surgit de l'aride plateau iranien. Une oasis d'où émergent des dômes étincelants, les hautes tourelles des minarets et la rumeur d'une cité caravanière. Depuis le xviie?siècle, tous les voyageurs gardent un souvenir inoubliable de cette cité merveilleuse, alliant les atours d'une capitale d'Empire et les aménités les plus inattendues d'un carrefour commercial. oeuvre d'art totale, ce joyau préservé de Shah Abbas Ier (1588-1629) unit urbanisme, architecture et ornement. Autour d'un axe principal - le Chahar Bagh -, s'articulent une myriade de palais conviviaux, de pavillons aux chatoyantes teintes, tandis que places, canaux et jardins dessinent des ambiances chaleureuses structurées par l'eau et le végétal.
L'architecte Philippe Revault nous fait découvrir toutes les facettes visibles de cette ville-jardin (formes urbaines, habitat, rapport au climat, à l'eau) pour comprendre comment s'est formée l'idée même de cette ville. Une idée que Seyyed Mohsen Habibi et Negar Habibi, dans leur importante contribution, mettent en relation avec la renaissance philosophique et théologique du chiisme duodécimain et "l'école d'Ispahan".
Jean-Claude Golvin, architecte et archéologue, qui dirige la collection «?L'Esprit des lieux?», donne ici une restitution originale d'Ispahan, à découvrir.
Un titre de la collection "Enquête d'ailleurs" qui interroge les représentations caricaturales, la persistance d'un imaginaire colonialiste, d'une vision globalisante et dévalorisante du continent africain.
Le roman vrai de Lawrence d'Arabie.
Paris, 1962. L'historien Paul Savarus et sa femme sortent enthousiastes de la projection de Lawrence d'Arabie, le film de David Lean. Ils sont bousculés par un spectateur qui paraît hors de lui. L'homme s'appelle Alan Carswell et ne décolère pas. Ce film ? Un conte hollywoodien, à mille lieues de la vérité. Car lui a connu Lawrence, à Oxford, lorsqu'il était étudiant en archéologie. Il sait la vérité sur ce « prince aux deux visages ».
À la fois abasourdi et intrigué, Savarus décide de se lancer sur les traces de l'auteur des Sept piliers de la sagesse.
Qui fut le véritable T. E. Lawrence ? Un mythomane ? Une prima donna névrosée ? Un agent sans pouvoir ? Un fabuleux dissimulateur ? Autant de questions soulevées par Gilbert Sinoué dans ce roman en forme d'enquête, qui revisite l'incroyable épopée de l'un des personnages les plus mystérieux du XXe siècle.
Les «Qatar Papers» révèlent la cartographie du prosélytisme en France et en Europe mené par Qatar Charity, la plus puissante ONG de l'Émirat.Au terme d'une enquête dans six pays européens et une douzaine de villes de l'Hexagone, les auteurs exposent des documents confidentiels, divulgués pour la première fois, détaillant les divers projets de financement de mosquées, écoles et centres islamiques, au profit d'associations liées à la mouvance des Frères musulmans. Ils dévoilent le salaire de Tariq Ramadan, figure de l'islam politique que Doha sponsorise hors de ses frontières, dénoncent la politique de l'autruche menée par nos élus, par électoralisme ou par ignorance, et pointent l'absurdité de la situation:avec le seul argent des fidèles comme subside, comment les mosquées en France pourraient-elles se priver des aides venues de l'étranger?Un voyage dans les coulisses d'une ONG richissime et opaque liée au sommet de l'État qatarien, comme le révèle son financement par plusieurs membres de la famille régnante, les al-Thani.Une contribution essentielle au débat sur les ramifications étrangères de l'islam en France.
Le nouveau livre de la célèbre cheffe Sabrina Ghayour, qui définit sa cuisine en trois mots : simple, rapide et délicieuse.
Elle partage dans ce livre les méthodes qui lui simplifient la vie au quotidien, ses astuces de cheffe comme de mère de famille, et ses recettes de tous les jours.
Plats à cuisiner dans un seul récipient, préparations rapides et sans cuisson, recettes végétariennes et véganes... découvrez le meilleur de la cuisine perse.
La Syrie reste plongée dans un désastre absolu. Michel Duclos, ancien ambassadeur, nous fait revivre dix années pendant lesquelles la diplomatie n'a pu empêcher la tragédie. Sa préface pour cette édition révisée de La longue nuit syrienne actualise ce douloureux constat. Connaisseur de ce pays mais aussi des affaires du monde, Michel Duclos examine les facteurs qui, en une dizaine d'années, ont mené la Syrie en enfer?: la dynamique des forces sociales et des haines confessionnelles, le jeu des interventions extérieures, l'émergence de Daech et les choix personnels d'un homme, Bachar al-Assad, dont l'auteur brosse un saisissant portrait. Le livre développe aussi l'idée que les régimes autoritaires ont été les grands bénéficiaires du conflit syrien, comme jadis la guerre d'Espagne avait servi de catalyseur à la montée en puissance des États totalitaires?. C'est ce que confirme aujourd'hui l'audace avec laquelle la Russie a déclenché la guerre contre l'Ukraine.
Aka Zidane est un projet photographique réalisé en Afrique. Un état des lieux original révélé grâce au « maillot de foot » porté tous les jours par des milliers de jeunes Africains comme costume de héros contemporain. Amoureux de foot dans mon enfance, photographe en Afrique depuis 15 ans, aujourd'hui, je reconnais les miens : ceux qui portent le maillot et se projettent dans d'autres vies que les leurs.
Pour les Syriens aux prises avec la violence déchaînée qui suivit la révolution de 2011, le monde est ce qui a fait silence et détourné les yeux pendant le crime. Pour ceux qui furent livrés à un long abandon, politiquement concerté et socialement consenti, le monde est le lieu d'un dégoût sans fond : une coalition de nihilismes conduisant au pire, qui a réduit à rien leur combat, à l'image des villes fantômes et des corps pulvérisés sous les bombes. Composé de six textes écrits entre 2017 et 2022, ce livre adopte une approche anti-nihiliste face à ce monde défait, évoquant des formes différentes de destruction et de résistance.
Le Qatar est-il une excroissance de l'Arabie saoudite ? Les Qatariens sont-ils les plus riches du monde ?
Pourquoi la famille royale investit-elle massivement dans les musées et l'art ? Pourquoi la rivalité est-elle si forte avec les Emirats arabes unis ? Combien a coûté la Coupe du monde ? Le Qatar finance-t-il l'islam de France ?
Au moment où s'ouvre le Mondial de football au Qatar, voici le livre indispensable pour comprendre ce petit pays, aujourd'hui richissime et qui a su se rendre incontournable sur la scène internationale.
Tout le monde connaît sa réputation sulfureuse, mais que sait-on vraiment de ce pays de 2,7 millions d'habitants, dont seulement 300 000 sont Qatariens ? Ce livre décrypte la grande et la petite histoire :
Les ressources en pétrole et en gaz, les anecdotes sur la famille al-Thani qui règne d'une main de fer sur le pays et sa diplomatie parfois ambigüe, en particulier sa proximité avec les mouvances islamistes, ou encore sa diplomatie du carnet de chèques dont l'exemple le plus évident est celui de la Coupe du monde, les conditions de son attribution et l'énorme défi culturel qu'elle représente.
Réalisé par de fins connaisseurs du terrain, le livre n'omet rien des relations avec l'Europe et répond à toutes les questions que le lecteur se pose sur les liens avec les hommes politiques français de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron et la cohorte d'élus français qui défilent à Doha.
La France passe pour être l'amie du monde arabe depuis des siècles. Elle entretiendrait avec l'Orient une relation singulière et privilégiée en comparaison de celles de ses voisins d'Europe. Mais qu'en est-il vraiment?? Jean-François Figeac revient sur cette histoire longue et complexe : de la diplomatie de Louis XV à celle d'Emmanuel Macron, en passant par l'expédition d'Égypte de Napoléon Bonaparte, la protection des chrétiens d'Orient, l'expérience mandataire, l'émergence d'Israël, la politique arabe gaullienne ou encore le récent réveil de l'islam au Proche-Orient. Cette fresque est aussi et surtout un essai sur notre rapport au monde arabe, à sa culture, à ses religions, mais aussi sur la fascination, réelle ou fantasmée, artistique ou littéraire de la France pour le Proche-Orient, ainsi que sur la séduction qu'il exerce et les craintes qu'il provoque. Ce mille-feuille temporel ne saurait être réduit à une diplomatie immuable. Il nous en apprend au moins autant sur les ruptures politiques et sociales hexagonales que sur la place de la France au Levant. Un livre brillant et salvateur sur un des sujets les plus incandescents de notre temps.
Cet ouvrage consacré au Maghreb et au partenariat avec les pays de l'arc latin de la Méditerranée est publié au plus fort d'une actualité marquée, d'une part, par l'existence d'une crise aiguë du couple algéro-marocain qui était envisagé comme le moteur d'une construction maghrébine, et d'autre part, d'une marginalisation de la Méditerranée occidentale dans la géopolitique mondiale que traduit ce conflit majeur opposant l'Europe et les Etats-Unis à la Russie. Ce paradoxe qui incite au désenchantement, n'est-il pas aussi le moment privilégié pour repenser et agir afin de réaliser un regroupement régional et promouvoir des formes de partenariat et de coopération entre les pays méditerranéens. Autrement dit, la crise géopolitique ne donnerait-elle pas l'opportunité aux pays du Maghreb de repenser leurs alliances, de mieux défendre leurs intérêts communs, et contribuer ainsi à mettre en oeuvre un nouvel ordre politique et économique plus propice au progrès et au développement de leurs peuples. Il s'agira pour eux de se hisser à la hauteur des nouveaux enjeux provoqués par les recompositions géopolitiques en cours et de dépasser des situations jugées aujourd'hui indépassables. Ce livre posthume de Noureddine ABDI qui est l'aboutissement de longues années de travail offre des matériaux précieux dans l'édification de ce projet maghrébin «sans cesse recommencé» et/ou contrarié, car soumis aux aléas politique, à des conjonctures économiques internes et à des alliances économiques ou politiques contraires à la vocation unitaire du Maghreb. Avant d'entrer dans le coeur d'un sujet -le Maghreb et subsidiairement ses rapports avec la Méditerranée occidentale- qui fut dès les années 1980 au centre de sa réflexion et de ses recherches, un mot pour évoquer une dette personnelle qui nous avons contractée auprès de N. Abdi. Engageant au milieu des années 1970, une carrière de chercheur en économie agricole et rurale, parmi mes premières lectures figuraient en bonne place les articles que N. Abdi avait publié dans des revues (la Revue Algérienne ou d'autres revue étrangères). Il fut pour moi, l'un des premiers chercheur algérien (aux côtés de nos aînés que furent Tami Tidafi, Hamid Aït-Amara ou Claudine Chaulet) qui ont contribué à nourrir nos connaissances, et à nous initier aux questions agraires et paysannes. Celles-ci avaient occupé son activité intellectuelle tout au long de la période qui va du milieu des années 1950 à la fin des années 1970. L'autobiographie qui figure à la fin de l'ouvrage apporte des éclairages intéressants et nouveaux sur les contextes politiques et économiques de cette époque. Elle nous livre un témoignage inédit sur les conditions concrètes d'émergence de l'autogestion agricole en Algérie, les obstacles rencontrés et les luttes d'influence exercées au sein de l'appareil d'État, les motifs de son engagement auprès des ouvriers de l'autogestion ou les attributaires d'une réforme agraire qu'il avait appelé de tous ses voeux. Si le récit autobiographique, rédigé avec une modestie qui impressionnait les personnes qui l'ont côtoyé, évoque assez clairement l'engagement politique et syndical de l'auteur dans la lutte de libération nationale, elle témoigne aussi de son attachement émouvant à sa terre - et de ses lieux- d'origine, décrit les premiers pas de l'État algérien dès l'indépendance en mettant l'accent sur difficultés dans la construction de ses institutions nationales. Au cours de la période qui va suivre, celle qui commence dans les années 1980, N. Abdi va élargir la perspective en traitant essentiellement de la construction maghrébine, et focalise sa penséesur «les perspectives d'un avenir régional commun». Appartenant dorénavant aux deux rives de la Méditerranée (un entre-deux dont il faisait l'expérience), il fonde son engagement personnel à penser également le rapprochement des pays du Maghreb avec les pays méditerranéens de l'arc latin. Les processus de renforcement des unions régionales face à une mondialisation en marche, l'essor d'une coopération adaptée à leur échelle font aussi l'objet de ses préoccupations intellectuelles. Ces formes de coopération et de regroupement régional sont pensées comme «le meilleur moyen de peser dans les relations internationales». Ces nouvelles recherches que l'auteur engage baliseront un parcours personnel et professionnel au sein d'institutions tels l'Institut d'Études du Développement Économique et Social (IEDES), le CNRS français, la Maison des Sciences de l'Homme ou de laboratoires de recherche de l'Université Paris VII. Abdi se dépensera avec énergie pour animer des forums, des débats ou des rencontres scientifiques réunissant des dizaines de chercheurs appartenant aux deux rives. Tous les travaux et toutes les contributions que N. Abdi signale dans cet ouvrage, sont les produits intellectuels de ces multiples activités ; elles ont fait l'objet de publications thématiques dans des revues, des compte-rendu de séminaires ou des ouvrages collectifs. Les sources d'inspiration les plus marquantes de ce parcours professionnel sont évoquées. Il y a en premier lieu l'auteur maghrébin par excellence que fut Ibn Khaldoun dont il est fait souvent référence dans ses travaux, mais aussi d'autres auteursÂ; le marocain A. Khatibi, et le tunisien A. Meddeb- passeurs et penseurs comme lui de l'altérité- qui partageaient avec lui, une confiance dans la construction de ce «lieu de symbiose» qu'est selon lui le Maghreb. Il n'a cessé d'entretenir un dialogue ininterrompu, et jusqu'à leur disparition prématurée, avec ces deux auteurs qui cultivaient, selon son expression, une «maghrébinité commune». Cet «entre-deux», position qu'il assumait pleinement, et les liens socioculturels qui le rattachait aux deux rives de la Méditerranée, l'ont naturellement conduit à plaider pour un rapprochementÂ; celui-ci qui se nourrissait d'échanges intellectuels avec d'autres auteurs (J. Berque ou P. Vieille) à la sensibilité méditerranéenne tout aussi affirmée que la sienne. Ce n'est, écrit-il «qu'en restituant parmi les autres dimensions du Maghreb, celle qu'il partage avec l'Europe latine, qu'on parviendra à saisir les réalités maghrébines telles qu'elles sont perçues par les Maghrébins eux-mêmes et plus particulièrement la société civile, de façon à que ce Maghreb réel puisse constituer notre véritable horizon de pensée». Cette vision généreuse d'ouverture vers la méditerranée occidentale l'empêchera d'examiner les distances prises avec la rive sud, l'Europe méridionale préférant de fait coopérer avec les nouveaux pays (ex PECO) admis dans l'Union européenne. Elle est également silencieuse sur les approches nationales que chacun des pays du Maghreb engage avec les pays de l'Union européenne Aucune coordination n'est réalisée dans la mise en oeuvre des rapports politiques et économiques et politiques. À titre d'exemple, les accords d'association sont signés séparément et leurs évaluations -qui font ressortir des tendances à l'accentuation des asymétries économiques défavorables aux 3 pays du Maghreb- n'ont pas permis les rapprochements concertations pourtant nécessaires. L'engagement politique de l'auteur pour «féconder un Maghreb des citoyens» est un engagement actif résolument orienté vers des processus de création et de production de richesses «au plan intérieur», et impulsé «au plan extérieur» par «un esprit d'ouverture et de partenariat». Il s'agit, nous dit-il, «de dégager les perspectives d'un avenir régional commun pour qu'il soit davantage maîtrisé que subi, c'est-à-dire qu'il prenne la forme d'un essor autonome plutôt que celle d'un moindre développement et d'une dépendance accrue». Empruntant à l'auteur des «Andalousies», la formule de J. Berque, N. Abdi appelle lui également à des «Andalousies toujours recommencées, dont nous portons en nous les décombres amoncelés et l'inlassable espérance». L'approche généreuse et profondément universaliste que N. Abdi adopte, reprend une idée empreinte d'humanisme, de cet autre penseur de la Méditerranée, Paul Valéry, qui concevait la Méditerranée comme un «dispositif à faire de la civilisation». La méditerranéïté, écrit-il, est ainsi intimement liée au processus de construction maghrébine, elle en est l'un des principes fondateurs, tout comme à l'inverse, «la maghrébinité en est tributaire». Ces affirmations s'appuient sur une réflexion critique qui intègre l'analyse de la longue durée, et où N. Abdi expose avec lucidité le cheminement du projet politique de construction d'un Maghreb «lequel est en permanence fait et défait par les pouvoirs en place», ce qui témoigne d'un clivage -qu'il subissait lui-même sur le plan politiquenous dit-il-, et «qui se creusait entre le Maroc et l'Algérie proches l'un de l'autre». Sa réflexion sur la vocation unitaire dans le Maghreb s'appuie sur l'examen minutieux desÂcritères à la fois socio-historiques et politiques, et en particulier la dimension ethno-culturelle de la région. Le Maghreb écrit-il «constitue un sujet historique», en particulier dans les phases conflictuelles et de résistances. Il rappelle que l'Étoile Nord-Africaine qui fut créée à Paris en 1927, et qui traduira les premiers pas du nationalisme algérien, «vise à construire l'unité du Maghreb», «à ressusciter une unité ancienne que l'histoire a enregistrée et dont elle a témoigné». Il s'attache avec obstination à retracer le cheminement de l'idée maghrébine dans un passé plus proche de nous, en examinant les faits qui participent au développement de ce «sujet historique» dans les phases conflictuellesÂ; ceux des années 1930 (de la création de l'Étoile Nord-Africaine à l'Association des Étudiants Musulmans Nord-Africains (AEMNA), ceux de la deuxième guerre mondiale, avec le mouvement syndical animé par le tunisien F. Hachad). Il traque enfin cette solidarité maghrébine partagée par les mouvements de libération nationale dans les années 1950. Il remarque bien que la proclamation de la construction du Maghreb à Tanger, en août 1959, et sa relance le 17 février 1989, n'empêche pas cet ensemble d'être toujours aussi divisé, notamment par une frontière algéro-marocaine fermée. Ce constat établi, l'incite naturellement à analyser, au-delà de la question du Sahara occidental, les raisons socio-politiques et économiques qui font ce Maghreb «écartelé». Ces discordes sont à rechercher, nous dit-il, dans la nature de régimes peu disposés à «concéder la moindre parcellede leurÂpouvoir dansÂlecadre d'une unification du Maghreb», mais aussi dans l'état de sociétés politiques ou de sociétés civiles peu mobilisées par l'idée maghrébine. Ces questionnements de l'auteur ne le détournent pas de l'exercice de recension des éléments qui peuvent constituer les moyens de dépassement de ces situations de fait. Cette dernière posture illustre assez parfaitement l'optimisme raisonné de N. Abdi dans l'affirmation d'une maghrébinité possible et souhaitable pour l'avenir des peuples de la région. Elle le conduit à analyse avec rigueur les facteurs favorables à une intégration maghrébine, ou de ce que les prospectivistes appelleraient «les signaux faibles» favorables à une construction maghrébine. Les facteurs religieux et culturels d'abord, où N. Abdi qui, tout en attirant l'attention sur le recours vain à une «retraditionnalisation» du fonds culturel et religieux de la région, invite, à mobiliser et/ou revivifier un fonds religieux et culturel maghrébin «avec ses institutions et ses références ancestrales propres». Il y a ensuite des facteurs sociaux avec «les passerelles» que représentent les diasporas du Maghreb. C'est, nous dit-il, au sein de l'immigration que l'on rencontre «cette maghrébinité radicale». Cette dernière ressource, facteur puissant d'intégration, est représentée par les populations originaires du Maghreb. Ces dernières font la découverte dans les sociétés d'accueil «de leur sentiment d'une appartenance commune», de cette «identité partagée» et qui prennent «conscience de ce qui les unit». Après tout, s'interroge-t-il, «si nous considérons le fait que l'affirmation de l'indépendance du Maghreb a commencé à l'extérieur pendant l'entre-deux-guerres, pourquoi n'en serait-il pas de même du mouvement de reconstruction du Maghreb»Â? Et Abdi d'explorer enfin les conditions économiques propices à l'intégration. L'existence d'un large marché fort de millions de consommateurs «qui aurait pour effet d'augmenter de 2 points le taux de croissance de la région», le développement des infrastructures de transport (autoroute Trans maghrébine dont l'essentiel des tronçons sont déjà réalisés à l'intérieur de chacun des pays), l'énergie (électricité et gaz), de même que l'irruption dans l'espace économique, souvent appuyée par le développement des technologies de l'information et de la communication (TIC), de «nouveaux acteurs de l'intégration socio-économique du Maghreb», que sont les entrepreneurs et chefs de PME. Les facteurs d'intégration sont à cultiver au sein des communautés universitaires où «l'intelligentsia maghrébine devrait, où qu'elle se trouve, jouer un rôle moteur dans le cadre d'échanges et de collaborations»Â; dans les milieux d'affaires ensuite où la promotion d'une intégration peut être entreprise par des agents qui se situent au sommet de l'économie maghrébine. Le futur du Maghreb ne peut être toutefois pensé sans ce couple algéro-marocain qui est appelé à jouer un rôle décisif dans une construction maghrébine fondée sur «une réelle émancipation et un vrai progrès pour toutes ses populations». «Ce qui importe le plus, nous dit-il, c'est avant tout de cultiver et de développer la maghrébinité au travers de relations maghrébines les plus favorables à l'épanouissement de l'homme». Reprenant l'une desÂpremières propositions de KHATIBI formulé sur les relations de voisinage, il nous invite «à se regarder en face»,Âà «construire un espace vie qui soit commun», et à «aller vers le risque partagé avec l'autre, les autres». Une pensée généreusement humaine, anti bureaucratique par nature, s'appuyant sur une mobilisation citoyenne constitue le fil conducteur de ses analyses du Maghreb. C'est la même pensée que l'on retrouve dans ses travaux de jeunesse portant sur la construction du Maghreb conduites par le syndicaliste tunisien F. Hached, où dans le rôle joué par l'UGTA et la Fédération des travailleurs de la terre dans l'autogestion agricole algérienne. Les «constructions bureaucratiques» et les «approches technocratiques» seront en permanence vigoureusement dénoncées par N. Abdi. Ces approches dessaisissent, affirme-t-il, les acteurs sociaux, les producteurs ou les créateurs de richesses de leurs pouvoirs et freinent, nous dit-il le mouvement d'émancipation sociale, soit de la paysannerie du temps de l'autogestion agricole, soit les sociétés civiles et politiques dans la construction du Maghreb. Nous le répétons, la vision du Maghreb que propose N. Abdi est inséparable de son itinéraire de vie et de la fidélité à ses engagements politiques et syndicaux qu'il évoque. L'exil qu'il a choisi dès 1973, va le conforter dans un statut de chercheur qu'il n'aura jamais abandonnéÂ; ce statut l'autorisait à exercer ses activités avec une liberté d'esprit à laquelle il était profondément attaché. S'il a inauguré un champs d'étude dans les années 1960-70 passionnant pour ma génération (celui des questions agraire et paysannes), il nous offre avec cet ouvrage posthume, un chantier de travail que l'on découvre avec un réel plaisir intellectuel et où l'érudition de l'auteur laisse aussi place à l'émotion suscitée par cette quête absolu d'un idéal de progrès et d'émancipation pour les peuples du Maghreb, cette quête de méditerranéïté faite de paix et de coopération à laquelle il rêvait. La lecture de ce livre nous laisse toutefois un grand regret. Celui de n'avoir pas croisé l'homme, celui de n'avoir pas échangé sur son expérience dans un domaine qui nous est cher à tous les deux, celui de la paysannerie qui fut son premier domaine de recherche; mais au-delà, de cet intérêt tout personnel, la frustration de n'avoir pas eu l'occasion de dialoguer sur cette passion qu'il entretenait et cette cause qu'il défendait avec déterminationÂÂ: celle du « Maghreb des peuples et des citoyens», dont il portait l'idée avec une conviction admirable. Omar Bessaoud, économiste agricole, professeur associé au CIHEAM-Montpellier. Montpellier, le 2 juin 2022.
À la suite de la débâcle des États-Unis en Afghanistan et à l'heure où l'armée française se retire du Mali, l'Afrique subsaharienne revient sur le devant de l'actualité djihadiste. On ne peut comprendre la résilience des groupes insurrectionnels de la zone sans prendre en compte la faiblesse des États qui sont censés les combattre. Loin des spéculations habituelles sur de supposés soutiens en provenance d'Al-Qaïda ou de l'État islamique, ce livre met ainsi en évidence les racines locales des conflits en cours au Sahel et dans la Corne de l'Afrique. Il propose une analyse rationnelle d'insurrections dites « terroristes » dont la dimension religieuse est fort discutable, alors que la poursuite des hostilités tend à séculariser et criminaliser la logique des affrontements.
4?novembre 1979?: quelques mois après la Révolution islamique, près de 300 étudiants enjambent le mur d'enceinte de l'ambassade américaine à Téhéran et prennent en otages 66 diplomates et employés. Pourquoi une rupture si brutale et spectaculaire des relations entre l'Iran et les États-Unis?? Pour répondre, Yann Richard s'appuie sur des sources américaines mais aussi iraniennes.
En 1945 alors que le jeune Mohammad-Rezâ Pahlavi vient de monter sur le trône, les États-Unis sont perçus comme les seuls capables de libérer l'Iran de la menace soviétique et de la lourde tutelle britannique. Pourtant, la position américaine montre vite son ambiguïté, notamment lors du coup d'État de 1953 qui renversa le premier ministre Mossadeq, promoteur de la nationalisation du pétrole. Maintenu au pouvoir grâce aux Américains, le shah devint leur meilleur allié dans la région. Enrichi par les revenus du pétrole et à la tête d'une immense armée, il gouverne seul. Des manifestations violemment réprimées précipitent sa chute et ouvrent la voie en 1979 à l'instauration par Khomeyni de la République islamique d'Iran.
La posture de l'Américain armé de bons sentiments s'était transformée en une figure de dominateur sans scrupules. Les Iraniens avaient contemplé avec envie la prospérité hollywoodienne et consumériste. On leur montra la marque du collier qui tenait l'Iran enchaîné. C'est bien le sens de la Révolution islamique et de la prise d'otages que de rompre cette chaîne.
« Ce matin de septembre 2021, un mois après la prise de Kaboul, de jeunes combattants posent pour moi, fleurs au fusil, brandissant fièrement les armes d'assaut récupérées dans l'arsenal des Américains. Pouvais-je vraiment exclure les talibans de mon projet photographique ? Je cherche à raconter visuellement l'Afghanistan en prenant pour fil rouge la relation singulière que ses habitants entretiennent avec les fleurs. La grâce des corolles, la fragilité des calices sont-elles compatibles avec le pouvoir taliban ? » Installée depuis dix ans comme photoreporter en Afghanistan, Oriane Zerah fait revivre les semaines électriques qui ont précédé la prise de Kaboul, son incroyable évacuation par les services français, son retour dans la capitale afghane après deux jours de détention « au secret » sous la garde des talibans. Elle raconte sa nouvelle vie dans l'Afghanistan de la charia, les plaies ouvertes d'un pays rendu exsangue par vingt ans de guerre, la douloureuse adaptation de la société au nouveau régime, la peur, les représailles, mais aussi l'espoir. On croisera dans ces pages, entre autres, un haut gradé taliban en veine de confidences, des cultivateurs d'opium inquiets pour leur récolte, un maître espion au service du Pakistan, des étudiantes interdites de faculté, un distillateur d'alcool clandestin, des opposants qui se cachent, des mollahs qui les pourchassent et des enfants qui trépassent. Sans oublier les Flowers Brothers rencontrés à Khost, installés dans une maison rose et qui accrochent des fleurs à leurs pakols.
L'Afrique est soumise à un défi gigantesque : intégrer en une génération 1 milliard d'individus supplémentaires dans un contexte de faible productivité, de quasi-absence d'industrie, d'urbanisation accélérée, le tout coiffé par une crise climatique devenue permanente.
Cette « urgence africaine » impose d'inventer un nouveau modèle économique. Car l'Afrique a trop souvent été un continent cobaye, soumis à toutes sortes de prédations. Le huis clos inattendu de la crise du Covid-19 lui a permis de redécouvrir la richesse de son patrimoine. Forte de cette leçon, elle doit désormais réinventer son développement en s'appuyant sur ses biens communs.
Mettre en place un néoprotectionnisme africain et préserver ses ressources propres (terres, biens numériques...), assurer sa souveraineté - alimentaire en développant l'agroécologie, monétaire et financière avec la création d'une agence de la dette - sont autant de pistes pour que l'Afrique se réapproprie son destin. Avec cette conviction : en promouvant une économie du partage, les biens communs sont aussi profondément ancrés dans la réalité sociale africaine.
Ce livre redonne une voix à celles et ceux que la dictature de Hafez puis Bachar al-Assad s'est employé, et s'emploie toujours, à faire taire en Syrie et ailleurs. Il documente et dénonce des crimes que beaucoup voudraient oublier malgré leurs liens directs avec nos propres hantises (crise de l'accueil migratoire, crispation identitaire, attentats djihadistes, invasion russe de l'Ukraine...). Dans la lignée des grands Livres noirs, il retrace précisément les faits : terreur, emprisonnements massifs, tortures systématiques, sièges des villes, bombardements chimiques, exterminations ethnico-confessionnelles, « assainissement » démographique, dont il éclaire les ressorts historiques, géopolitiques et sociaux. La révolution et la contre-révolution en Syrie nous révèlent certains fondamentaux de notre temps : à la fois la puissante aspiration à la liberté des sociétés longtemps brimées, la radicalisation sans retenue de toutes sortes de régimes autoritaires et l'affaissement des idéaux démocratiques dans les pays occidentaux. Au travers de témoignages, sous forme de récits, de textes littéraires, de photographies et de dessins, éclairés par les analyses des spécialistes des conflits du Proche-Orient ou des violences de masse, cet ouvrage d'une ampleur inédite, fait donc oeuvre de mémoire, d'histoire et d'avertissement. Contre le négationnisme, la banalisation, l'indifférence ou le silence. Et contre l'impunité de ceux qui, en exécutant leur mot d'ordre « Assad ou on brûle le pays », ont mis la Syrie à feu et à sang.
Jin, jiyan, azadi - «La femme, la vie, la liberté» est le cri de ralliement des combattantes kurdes.Le 17 avril 2017, Leïla Mustapha est désignée maire de Raqqa, l'ancienne capitale de Daech. Elle est l'unique femme dans une assemblée de 130 hommes.Qui mieux qu'elle, l'enfant de Raqqa, ingénieure en génie civil, non encartée mais engagée par choix et par nécessité, pour reconstruire les ponts, les écoles, les mosquées, les hôpitaux soufflés par les bombardements? Qui mieux qu'elle, la Kurde, qui a grandi chez et avec les Arabes, pour renouer des liens qu'on disait impossibles?Leïla n'est pas une combattante, elle n'a pas fait la guerre. Mais elle a fait la paix. Une paix fragile, douloureuse et sans cesse menacée. Celle que l'on nomme aujourd'hui la «maire courage» se démène pour reconstruire sa cité et rêve d'une Syrie démocratique.
Persuadés d'avoir retrouvé en Afrique la nature disparue en Europe, les colons créent à la fin du XIXe siècle les premiers parcs naturels. Au lendemain des années 60, les anciens administrateurs coloniaux se reconvertissent en experts internationaux. Il faudrait sauver l'Eden ! Mais cette Afrique n'existe pas. Il n'y a pas de vastes territoires vierges de présence humaine, arpentés seulement par ces hordes d'animaux sauvages qui font le bonheur des safaris. Il y a des peuples, qui circulent depuis toujours, expulsés par milliers des parcs naturels, où ils subissent aujourd'hui la violence quotidienne des éco-gardes soutenus par l'Unesco, le WWF et d'autres ONG. Convoquant archives inédites et récits de vie, cette enquête met au jour les contradictions des pays développés qui détruisent chez eux la nature qu'ils croient protéger là-bas, prolongeant, avec une stupéfiante bonne conscience, le schème d'un nouveau genre de colonialisme.